par | Mar 7, 2024 | A la une, Interview

L2P Conventions – Qu’est-ce que c’est ?

Backstage interview photo. Par Sebastián Esguerra.

Les L2P Conventions reviennent à Paris le 14 & 16 Mars 2024 ! L’occasion, une nouvelle fois, de parler Hip-hop, de refaire le monde sur tous les sujets d’actualités qui secouent cette culture. L’occasion de se structurer, d’en apprendre sur le milieu et de se former. Des conférences, talks et ateliers passionnants.

Retrouvez ci-dessous le planning de ces 3 jours de festival ainsi qu’une interview du fondateur du festival et directeur de La Place, Julien Cholewa !

BREAKERS : Bonjour Julien, merci de nous accorder cet entretien. On se rencontre dans le cadre de la L2P Convention, peux-tu nous parler de cet événement ?

Julien Cholewa : Lorsque j’ai intégré La Place en tant que directeur et programmateur en 2020, un de mes objectif important était de créer un événement qui puisse donner la parole aux acteurs-trices, experts-es et professionnels du Hip-hop et de les écouter sur les problématiques actuelles de la culture et de chacune de leurs disciplines.

Cette idée remonte à un moment déjà. J’ai co-créé et organisé 14 éditions du festival Paris Hip-hop avant cela et à chaque édition on organisait une série de conférences et de rencontres. On a toujours eu de bons retours sur ce format et on a vu qu’il y avait vraiment une envie et un besoin de la part du public de s’informer sur les sujets que l’on traitait.

Le Hip-hop en France a déjà une certaine maturité et est rentré dans des circuits de consommation qui peuvent créer des incompréhensions, des frictions ou tout simplement un besoin de s’informer. Le but de l’événement est donc de pouvoir se poser entre experts et avec le public pour pouvoir décrypter les problématiques de chaque discipline à travers des conférences, des débats, des tables rondes. On souhaite aussi utiliser cet outil pour pouvoir réunir et informer aussi bien les plus jeunes générations que les institutions, les gens du business.

C’est un outil supplémentaire pour pouvoir avancer et réfléchir entre professionnels.

BREAKERS : Vous présentez une programmation très complète, avec des sujets qui portent sur chacune des disciplines de la culture Hip-hop. Vous avez cette volonté de discuter des problèmes actuels de l’industrie, tout en informant sur son histoire et en mettant en valeur l’importance de l’aspect culturel ?

J.C. : Tout à fait, cela fait grandement partie de nos objectifs. Histoire et patrimoine sont des maîtres mots dans ce que nous abordons. Cependant, et c’est une réalité qui n’a pas que du mauvais, le Hip-hop est rentré dans les rouages de l’industrie, ce qui a pu l’éloigner de la base de la culture Hip-hop des 4 disciplines.

Les disciplines ont tendu à se séparer au fur et à mesure de la professionnalisation des artistes. Chaque discipline est rentrée dans un réseau professionnel et dans une industrie culturelle préexistante : le street art est entré dans l’industrie de la peinture, la danse dans celle de la création chorégraphique et le DJing/rap/beatbox dans le réseau de la musique. Ces réseaux préexistants étaient déjà établis mais n’étaient pas forcément adaptés. Ça a créé une dualité persistante chez les artistes Hip-hop qui voulaient, d’un côté rester fidèles à la culture mais aussi souhaitaient se professionnaliser, aller plus loin avec leur art et cela crée des frictions. La convention permet de discuter de ce genre de choses et de faire le point sur cette évolution.

BREAKERS : La discussion n’a pas toujours été au centre des préoccupations des acteurs de ce milieu. Comment aurait évolué le Hip-hop si ses acteurs avaient collaboré et s’étaient fédérés dès le début ?

J.C. : C’est certain qu’il y a eu un déficit de transmission. C’est une question que j’ai beaucoup étudié dans les années 2000 et c’est vrai qu’il y a eu un manque de relais entre les générations. Cela a pu conduire à une nouvelle génération à qui il manquait des bases pour comprendre et appréhender le milieu et à une ancienne génération qui s’est sentie oubliée, peu reconnue. De manière générale, l’habitude de discuter et d’échanger n’a pas assez été prise. L’exemple le plus flagrant aujourd’hui est le milieu de la danse qui est obligé de s’organiser avec l’arrivée de J.O. et qui apprend à le faire, moyennant un peu de casse, en un temps record.

Encore aujourd’hui on paie les frais de ce manque de discussion, et c’est pour cela que, selon le sujet, certaines des conférences sont très animées. Nous sommes contents de pouvoir accueillir ces échanges au sein de La Place et de mettre en valeur tous ces sujets.